Net zéro : Comment y voir plus clair

SOMMAIRE

  1. Introduction
  2. Neutralité carbone par compensation
    1. Mécanisme, objectifs et travers des quotas carbone pour réduire les émissions de CO2
    2. Sur quelle base une entreprise reçoit-elle des quotas CO2?
    3. Neutralité carbone par compensation
  3. Net zéro
    1. Mécanisme et objectifs
    2. Périmètres de net zéro
  4. Comment mesure-t-on les émissions carbone d'une entreprise?
  5. Un peu de vocabulaire pour s'y retrouver
  6. Projets à soutenir

1. INTRODUCTION

Le réchauffement climatique que nous subissons aujourd’hui constitue la plus grande menace pour l’humain. Les experts s’accordent à dire que ce que nous vivons avec la Covid n’est qu’un avant-goût des situations dramatiques qui risquent de se produire si nous ne changeons pas radicalement notre façon de vivre. 

Ce besoin urgent d’intervention climatique a apporté avec lui un tout nouveau vocabulaire pour décrire et soutenir des actions. « Neutralité carbone » et « Net zéro », sont devenus des mots régulièrement employés sur lesquels se reposent des entreprises qui ne sont parfois pas si vertes qu’elles le prétendent. Laissez-vous guider et découvrons ensemble ce qui se cache derrière cette terminologie pour mieux l’appréhender.

2. NEUTRALITE CARBONE PAR COMPENSATION

a. Mécanisme, objectifs et travers des quotas carbone pour réduire les émissions de CO2

Les gaz à effet de serre (GES) présents dans l’atmosphère permettent de maintenir une température moyenne de 15° sur terre. Depuis la révolution industrielle, de grandes quantités de GES sont libérées par l’activité humaine. Leur augmentation croissante dans l’atmosphère conduit au réchauffement de la planète, ce qui dérègle notre climat. 

Dès 2005, pour limiter notre émission de GES, l’Union Européenne a décidé d’instaurer le premier marché de quota carbone. Concrètement, cela revient à faire payer aux entreprises leurs émissions de CO2. Mais comment fonctionne-t-il ? La Commission européenne définit un plafond d’émissions pour une certaine durée. Ensuite ce plafond est partagé entre les différents acteurs du marché sous forme de quotas échangeables. Un quota correspond à l’équivalent d’une tonne de CO2 émise. Au 31 décembre de l’année en cours, les entreprises doivent justifier d’un équilibre entre les quotas qu’elles possèdent et les émissions dont elles sont responsables. 

Prenons l’exemple de deux entreprises qui disposent de 100 quotas chacune, ce qui correspond à un volume d’émission de 100 tonnes d’équivalent CO2. Si au terme de l’année écoulée, l’entreprise A émet l’équivalent de 120 tonnes de CO2, alors elle aura 4 mois pour acheter sur le marché à d’autres entreprises les 20 tonnes manquantes de CO2 ou bien elle devra acheter des crédits de compensation carbone. Ces crédits représentent des réductions d’émissions réalisées dans d’autres zones géographiques ou dans d’autres secteurs d’activité. Au-delà de ces 4 mois, si une entreprise n’est pas en conformité, elle devra payer une amende et fournir le nombre de quotas manquant.  

A l’inverse, si l’entreprise B n’a émis que l’équivalent de 80 tonnes de CO2, elle pourra garder 20 tonnes en réserve pour les années à venir ou les vendre sur le marché.  

D’ici à 2030, l’objectif est de réduire l’émission de gaz à effet de serre de 55% par rapport à 1990. Pour ce faire, le plafond des quotas autorisés se réduit chaque année de 4,2% (depuis 2021) jusqu’en 2030.  En 2020, la Commission a distribué 2,2 milliards de quotas. 

b. Sur quelle base une entreprise reçoit-elle des quotas CO2 ?

Les secteurs d’activité concernés par les quotas sont l’énergie et les industries fortes consommatrices d'énergie.  Cela incluait 16 400 entreprises en 2013.

Les entreprises au sein des pays signataires reçoivent des objectifs à respecter, aussi exprimés en quotas. Une partie des quotas disponibles sont aussi mis aux enchères par la Commission Européenne. En 2020, l'Europe a rassemblé 19 milliards d'euros grâce à cette vente. Cette somme est redistribuée aux Etats membres et 50% de ce montant doit être investi dans des projets de développement durable.

Le système des quotas carbone a donc pour objectif de réduire les émissions de CO2  au sein de l’Union Européenne.  Un mécanisme financier a été mis en place pour d’une part contraindre les entreprises à diminuer leurs émissions et d’autre part récompenser les entreprises qui réduisent leurs émissions plus rapidement. 

Les travers du mécanisme de la « neutralité carbone » par compensation sont les suivants :

  • Les grosses industries très rentables sont moins stimulées par ce mécanisme financier

  • Le mécanisme d’échange annule les efforts importants des entreprises qui réduisent leurs émissions bien au-delà de leurs quotas. En effet, les économies de CO2 réalisées sont « consommées » par les entreprises moins volontaires.

  • La tarification de la tonne de CO2 permet à toute une série d’entreprises de verdir leur image sans modifier leur façon de fonctionner. La seule chose qui va vraiment infléchir l’évolution du climat, c’est la réduction totale du CO2 dans l’atmosphère.

c. Neutralité carbone par compensation

Certaines entreprises vont plus loin et achètent des quotas pour un volume équivalent à leurs émissions totales de CO2. Elles ne souhaitent pas simplement respecter la limite qui leur est imposée mais cherchent à « compenser » entièrement leurs émissions. Elles assument donc une charge financière plus importante qui, par le biais des échanges, servira à financer ou rétribuer financièrement les entreprises qui sont sous leur limite imposée.

Le marché des quotas permet ce mécanisme, ce qui est un encouragement à s’améliorer pour certaines entreprises, mais cela n’accélère pas la transition et la réduction globale.

3. NET ZERO

a. Mécanisme et objectifs

D’ici à 2050, nous devons atteindre le net zéro mondial pour atténuer les conséquences les plus néfastes du changement climatique. Mais pourquoi « Net zéro»?  

Le net zéro correspond à un état dans lequel la totalité des gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère pendant une période est annulée par l’absorption ou l’élimination d’une quantité équivalente sur une même période. 

Le « net » dans le net zéro indique que des mécanismes d'absorption sont indispensables pour compenser les émissions des activités humaines. Celles-ci ne pourront en effet jamais être nulles. Le "zéro" indique l’importance de réduire de façon massive et généralisée les émissions de CO2 pour stopper le réchauffement climatique. 

Aujourd’hui, il est impossible d’absorber tout le CO2 émis par l’activité humaine.  Le GIEC (Groupement intergouvernemental d’experts pour le climat) a clairement démontré qu’il fallait faire deux choses. D’une part réduire au maximum les émissions de CO2 et d’autre part, augmenter l’absorption de CO2 de l’atmosphère jusqu’à un niveau équivalent à l’émission causée par l’activité humaine.

De nombreuses acteurs mettent en place différents projets d’absorption (à voir dans le bas de la page) que les entreprises peuvent financer pour contribuer à la capture du carbone dans l’atmosphère. 

Par exemple, une entreprise C émet aujourd’hui 60 tonnes de CO2 par an.  A l’aide de projets internes de réduction d’émissions et d’optimisation des processus, elle parvient à réduire ses émissions à 30 tonnes de CO2 par an.  Pour atteindre le Net Zéro, elle devra donc lancer ou financer des projets permettant d’absorber chaque année 30 tonnes de CO2 de l’atmosphère.

L’impact global Net de cette entreprise en termes d’émissions de CO2 est donc Zéro.

b. Périmètres du Net Zéro

81 % des émissions globales de gaz à effet de serre proviennent du CO2, et les entreprises en sont responsables en grande partie. Elles doivent, dès lors, réduire leur impact environnemental. L’un des moyens les plus importants d’y parvenir consiste à réduire leur empreinte carbone, et cela commence par la surveillance des émissions de carbone. Pour ce faire, les entreprises doivent classer leur empreinte carbone en trois périmètres.

Selon la norme GHG (Greenhouse Gas) Protocol, les émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise sont classées en trois périmètres (scopes). Les scopes 1 et 2 sont obligatoires à déclarer, tandis que le troisième est volontaire et plus difficile à quantifier. 

  • Scope 1

Quand on mesure les émissions de GES sur le scope 1 d’une entreprise, on considère uniquement les émissions des activités directement contrôlées par l’entreprise (exemple : l’émission produite par un four qui fonctionne au gaz). On prend en compte les émissions liées aux usines de l’entreprise, à ses bâtiments et ses installations. 

  • Scope 2

Le scope 2, quant à lui, inclut toutes les émissions de gaz à effet de serre induites par les consommations électriques, les consommations de chaleur, de vapeur. Effectivement lorsqu’une entreprise consomme de l’électricité, elle n’émet pas de GES directement. En revanche, la production de cette énergie entraine des émissions de gaz à effet de serre au lieu de production. En consommant de l’électricité, l’entreprise produit donc des émissions de gaz à effet de serre de façon “indirecte”. L’objectif du scope 2 est justement de mesurer ces émissions indirectes. 

  • Scope 3

Le 3ème scope permet d’avoir une vision très large des émissions de gaz à effet de serre induites par une entreprise ou la fabrication d’un produit, car il inclut les émissions réalisées tout au long du cycle de vie du produit, au-delà de l’activité-même de l’entreprise. Dans ce périmètre sont inclues les émissions liées aux fournisseurs de l’entreprise, aux transports des salariés et des clients, mais aussi la gestion de la chaîne logistique, le recyclage et la fin de vie des produits de l’entreprise. C’est donc la vue la plus complète. Quand une entreprise déclare être « Net Zéro », elle devrait aussi spécifier sur quel périmètre elle agit : scope 1&2 ou scope 3. La différence est substantielle. Aujourd’hui, la plupart des entreprises sur la route du Net Zéro travaillent sur les scopes 1 et 2. 

4. COMMENT MESURE-T-ON LES EMISSIONS CARBONE D'UNE ENTREPRISE

L’Union Européenne a défini les différents types de GES à prendre en considération pour le respect des quotas.

Les émissions annuelles sont mesurées au sein des entreprises et vérifiées par des auditeurs externes. Les entreprises soumises à des quotas doivent déclarer leurs émissions et présenter les quotas correspondants.

Les entreprises qui veulent réduire leur empreinte écologique sur base volontaire font appel à des sociétés spécialisées pour mesurer les émissions, développer des programmes d’amélioration et en contrôler la bonne implémentation. Certaines de ces sociétés ont développé leur propre label attestant de la « neutralité carbone » des entreprises qui ont mis ces systèmes en place.

5. UN PEU DE VOCABULAIRE POUR S'Y RETROUVER: OU SE CACHE LE GREENWASHING?

Au-delà de ces deux approches normées, qui peuvent être complémentaires, on retrouve différents termes plus ou moins mal définis et qui cachent souvent des réalités bien différentes. Comment s’y retrouver entre neutralité carbone, carbone négatif, bas carbone, net zéro, zéro émissions, climat positif, … ? Voici les clefs de lecture.

a. Neutralité carbone 

C’est assez clair : au sens strict, l’ensemble des émissions de CO2 ou GES sont compensées par des actions de capture de CO2. L’activité de ces entreprises n’a donc pas d’impact sur l’évolution climatique, ni négatif ni positif.

Cependant, nombre d’entreprises annoncent une « neutralité carbone » obtenue à l’aide d’achat de quotas. Cela veut dire qu’elles paient des quotas à hauteur de leurs émissions totales. Cela représente une charge financière bien sûr, qui permet au vendeur des quotas de financer ses propres projets d’amélioration, mais cela ne rend pas notre entreprise « neutre en carbone »… Elle continue de produire du CO2, même en net. 

b. Négatif en carbone

Le principe est le même, mais l’entreprise va plus loin dans ses projets de capture jusqu’à obtenir un bilan négatif : au total, l’entreprise capture du CO2 de l’atmosphère.

Cela devrait être l’ambition de base de toutes les entreprises. Il n’est plus question (depuis longtemps) de viser la neutralité. Nous devons d’urgence restaurer un équilibre rompu il y a plusieurs décennies.

c. Net zéro

C’est la formulation la plus claire et univoque de la situation carbone d’une entreprise. Reste à préciser les scopes pris en considération. On trouve aussi « Net négatif », avec la même rigueur de calcul et de mesure.

d. Bas carbone

Soyons clair, ceci ne veut rien dire. Cela fait référence à l’évaluation d’une pratique réputée moins émettrice que la pratique générale (« business as usual »). Il s’agit souvent d’une expression marketing qui doit immédiatement faire penser au greenwashing.

e. Zéro émission

Voici un terme qui devrait être clair. Cependant, aucune activité humaine n’est zéro émission, au sens strict. Souvent utilisé, ce vocable recouvre dès lors tout et n’importe quoi. Si certaines entreprises veulent ainsi mentionner leurs efforts, la plupart ne cherchent qu’à embellir leur image marketing. L’alerte Greenwashing doit s’allumer automatiquement. Il faut creuser dans les détails de la communication de l’entreprise pour comprendre les efforts réellement entrepris, s’il y en a. Attention, déception… 

f. Climat positif

Encore un terme vague, méfiance. L’idée est de dire que des initiatives sont prises en faveur de la protection du climat, mais sans cadre précis. Si c’est vague c’est souvent intentionnel, donc prudence!

La liste des termes utilisés par les spécialistes du marketing est infinie. Il faut accéder aux détails pour mieux apprécier l’éventuelle pertinence des actions entreprises et la véracité des affirmations.

6. LES PROJETS A SOUTENIR

Les projets de capture de carbone sont de plus en plus nombreux, même si leurs contributions cumulées restent très loin en-dessous de ce qui est nécessaire. Nous mentionnons ici quelques activités que nous connaissons bien et qui méritent d’être soutenues.

Graines de vie : Créée sous forme d’ASBL de droit belge et de droit luxembourgeois notre ONG permet la compensation de l’empreinte écologique des habitants de nos pays industrialisés grâce à la plantation d’arbres dans des pays en voie de développement.

WeForest : WeForest s’engage dans une action collaborative pour faire progresser la restauration des paysages forestiers. KissPlanet compense le peu d’émissions qu’elle produit en reversant 1% de son chiffre d’affaires à WeForest.

NetZero : NetZero est une entreprise climatique spécialisée dans l’élimination à long terme du carbone de l’atmosphère. Elle transforme les résidus agricoles en biochar, une forme de carbone très stable.

GreenPoch : Les activités de cette jeune société visent à offrir un service de dépôt de déchets verts pour les clients entrepreneurs de jardins, et de valoriser les déchets ligneux afin de produire du charbon vert, de la chaleur et de l’électricité vertes.

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