Le savon : un voyage dans l'espace et le temps

Episode 1

Cher(e)s Lecteurs, Lectrices,

Nous continuons notre aventure sur les traces du savon. Remontons aux origines.

Et de quand date cette fameuse première savonnette ?

Il y a de très belles histoires à ce sujet, des légendes surtout qui racontent qu’au pied du mont Sapo, ou ailleurs, dans la ville de Savona sur la côte de Ligure, d’aimables jeunes femmes s’en allaient joyeusement (oui, oui !)  faire la lessive familiale dans la rivière aux eaux troublées par les derniers sacrifices aux dieux. Cérès, déesse de l’agriculture chez les latins et Laran, dieu étrusque avide de guerres sanglantes, étaient généreusement honorés par des sacrifices d’animaux bien gras. Ensuite, la pluie mélangée aux cendres des bûchers réagissait avec les restes de graisses animales pour donner une « proto-lessive » qui lavait déjà plus facilement que l’eau claire de la rivière.
L’escalade du « plus blanc que blanc » venait de voir le jour !
Mais les anciens Italiens ne saisirent pas la savonnette au bond et ne fabriquèrent pas à proprement parler le premier savon.

On trouve les premières preuves de fabrication d’un produit que l’on peut appeler « savon » sur des tablettes et cylindres de terre cuite vieux de 4.800 ans : dans les royaumes de Babylone et de Sumer, les habitants fabriquent alors une pâte qui sert à soigner les maladies de la peau et aussi à laver et dégraisser la laine qui servira à confectionner leurs belles étoffes.

Le savon d'Alep, l'ancêtre du savon dur

Et surtout, il y a environ 3000 ans, en Syrie actuelle, on fabrique un vrai savon à base d’huiles d’olive et de baie de laurier, le fameux savon d’Alep !
Aujourd’hui, sa formule reste inchangée, et le savon se décline en plusieurs versions en fonction de la quantité d’huile de baie de laurier ajoutée.
Ce sont les croisades en Terre Sainte qui rapporteront sa formule en Europe à partir de 1095.
Ce savon d’Alep est considéré aujourd’hui comme l’ancêtre de tous les savons durs au monde.

Mais notre savonnette poursuit son périple dans l’espace (terrestre bien entendu) et dans le temps : des papyrus attestent qu’il est couramment utilisé par les Égyptiens avec des principes actifs pour soigner,  avec des parfums pour la toilette corporelle et la lessive de leurs vêtements (tuniques, pagnes ou jupes en lin ... toujours plus blancs).

Marseille, d'abord un comptoir

Grâce aux navires marchands phéniciens et aux caravanes arabes qui sillonnent le Nord de l’Afrique, le savon découvre et nettoie bientôt l’Espagne, les côtes méditerranéennes de la Gaule et l’Italie.
Dans le Sud de la Gaule, une ville côtière fondée en 600 avant Jésus Christ par des Grecs de Phocée devient un comptoir commercial de transit et un dépôt de savon des plus importants.
Cette ville s’appelle alors Massalia; puis, sous l’occupation romaine, elle change de nom pour s’appeler ... Massilia (oui c’est différent !) et devenir plus tard enfin la célèbre cité de Marseille.
Mais on n’y fabrique pas encore le réputé « savon de Marseille ». La première production du savon de Marseille, à usage local surtout, n’apparaît qu’au VII siècle de notre ère !

Entre-temps, la pâte savonneuse est utilisée par les guerriers gaulois, celtes et leurs cousins germains comme onguent, shampoing ou gel colorant pour leurs cheveux : Un guerrier gesticulant et hurlant aux cheveux rouges, ça déconcerte l’adversaire.
Généralement fabriquée à partir de suif et de cendres, cette pâte en provenance de Gaule et de Germanie partira alors à la conquête des femmes romaines qui ne l’utiliseront pour la toilette qu’à partir du deuxième siècle de notre ère.

Ça, c’était il y a longtemps.

A bientôt


Le savon : une réaction chimique, ma foi assez simple
C’est aussi simple que préparer de la mayonnaise