Notre premier blog sur le zéro déchet expliquait la théorie et sa nécessité… Pas encore lu? C’est le bon moment d’y jeter les deux yeux!
Le moment est venu de passer aux aspects pratiques. Où faire ses courses zéro déchet? Comment faire des courses en mode “zéro déchet”? De quoi avons-nous besoin en particulier ? A quoi faut-il faire attention?
De façon simple, je vais tenter de vous démontrer qu’Il est tout à fait possible de faire ses courses alimentaires de manière écologique, durable et surtout sans déchet!
Pour ce qui est de l’achat de produits plus occasionnels tels que vêtements, meubles, etc, cela fera l’objet d’un prochain blog.
Pour éviter toute frustration, je précise que les conseils qui suivent visent à réduire considérablement la production de déchets liée aux courses. Je ne me préoccupe donc ici que du sujet des emballages jetables qui encombrent les poubelles à chaque retour de courses et tout au long de la semaine.
Où faire ses courses zéro déchet?
Les courses zéro déchet peuvent se faire à beaucoup d’endroits. L’idée est de se rendre avec ses sacs et contenants chez ses commerçants habituels, dans les magasins physiques spécialisés du vrac, au marché local, à la ferme ou encore faire ses courses zéro déchet sur Internet.
Achats zéro déchet sur internet
L’option de l’achat en ligne peut paraitre étonnante mais permet de gagner du temps, de faire ses courses à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit, d’avoir sous les yeux les récipients qui nécessitent un remplissage, de prendre le temps de lire les informations produits tranquillement depuis son canapé et même de pouvoir comparer les prix. C’est une bonne façon d’éviter les multiples déplacements, les courses arrivant à la maison avec le facteur en même temps que le courrier ou dans un point collecte à récupérer quand c’est possible. Si ce n’est pas magique ça!
De plus, l’impact carbone de l’achat en ligne est souvent décrié mais est loin d’être si négatif, ça c’est pour un autre blog.
Tout nouveau, il est maintenant possible d’acheter en ligne en emballages consignés. Ce type d’achat est, par exemple, possible sur le site de kissplanet.shop, seul le contenu de l’emballage consigné est compté, pas de frais de préparation et récupération intégrale des frais de la consigne. Encore une belle étape franchie vers le zéro déchet absolu, le système de la consigne étant la meilleure solution pour l’avenir juste derrière le « refuser » et avant le « recycler ».
Achats zéro déchet dans mon supermarché
De plus en plus de supermarchés proposent du vrac, ce qui peut être une bonne idée pour commencer votre transition vers le zéro déchet et prendre de nouvelles habitudes. Il est vrai que ces entreprises manquent de transparence, le Greenwashing pratiqué par certaines enseignes vous sera expliqué dans un prochain blog.
Celles-ci ont tout de même le mérite pour certaines de proposer des prix intéressants pour les petits budgets, il est facile d’utiliser ses sacs à vrac dans le rayon fruits et légumes pour une bonne partie des produits mais ce sera du non bio car le bio est emballé (pour éviter la contamination par le non bio). L’utilisation des bocaux est autorisée aux différents rayons « à la découpe » (poissonnerie, charcuterie, boucherie, etc).
Vous pouvez faire vos courses dans un magasin bio. Plusieurs chaines de magasins proposent du bio et les sacs à vracs et contenants personnels sont autorisés et même conseillés dans la plupart. C’est du bio, le budget nécessaire est donc plus élevé. Excepté Bioplanet (en Belgique), ils proposent tous une combinaison vrac et emballés.
Achats dans les magasins à vrac
Les magasins ne proposant que du vrac se développent de plus en plus, s’y rendre est un plaisir si on a du temps devant soi...
Autres alternatives
Le marché, vous pouvez y trouver tous les produits frais et votre contenant est toujours le bienvenu. Vous n’y trouverez pas tous les produits secs mais par contre les produits régionaux sont souvent présents.
La Ruche qui dit oui, les fermes, etc permettent de se procurer des produits locaux et des paniers de légumes.
Certaines fermes proposent des cueillettes à faire vous-même, cela peut être une activité à partager avec les enfants, n’hésitez pas à vous renseigner autour de chez vous et dans vos journaux régionaux.
Et en fonction du temps et des envies, combiner les différentes destinations peut permettre de découvrir et varier la qualité et les sortes d’aliments.
Comment faire vos courses sans produire de déchet, c’est-à-dire sans emballage jetable?
Contrairement aux courses avec emballages jetables, les courses zéro déchet nécessitent une préparation, un peu d’organisation et de logistique avant de se lancer dans l’aventure.
En fait, effectuer des achats en vrac répartit le temps différemment que lorsque vous effectuez des achats avec emballages.
Plus de temps
Une fois dans le magasin de votre choix, vous passez du temps à tarer vos bocaux et sacs, vous remplissez vous-même et le temps en caisse est sensiblement plus long.
Une fois rentré(e) à la maison, il est parfois nécessaire de vider ses sacs dans des récipients, pour une partie des courses en sacs à vrac (vous pouvez laisser les légumes et fruits dans les sacs si c’est plus facile pour vous).
Il est également nécessaire de laver et repasser les sacs à vrac. Une astuce consiste à dédier les sacs pour éviter de devoir les laver à chaque fois (sacs à patates, oignons, sacs pour les pâtes, le riz, sacs pour les collations etc).
Gain de temps
Pour gagner du temps, vos bocaux déjà remplis dans le commerce sont rangés directement sur les étagères et dans les armoires. Les bocaux remplis par le fromager, le boucher, le poissonnier sont à ranger directement dans le réfrigérateur ou le congélateur.
A l’utilisation, il n’y a rien à déballer, aucun emballage jetable à trier et jeter et le bénéfice se trouve dans une meilleure gestion des stocks d’aliments (tous visibles en un coup d’œil dans les bocaux et autres récipients).
Et au bout du chemin, n’oublions pas le gain de temps à ne pas devoir sortir les poubelles chaque semaine. Fini donc la corvée poubelle!
Cette façon de faire nécessite un changement de méthode et d’habitudes, c’est vrai. Il ne faut pas se lancer à l’aveugle, un test avec quelques sacs lors des prochaines courses peut mettre en confiance pour la suite.
Ce que je peux partager avec vous, c’est que la fierté, l’impression du bon geste et la facilité du concept me procurent chaque semaine une immense satisfaction. De plus, au bout du compte je fais des économies grâce au menu et j’évite de stocker inutilement et de jeter lorsque j’ai trop acheté.
La préparation et la logistique des courses zéro déchet...
Il n’y a pas vraiment de préparation en soi pour des courses zéro déchet mais plutôt quelques bonnes pratiques qui pourront aider à faire des courses 100% zéro déchet.
Voici trois astuces essentielles pour préparer vos courses zéro déchet :
1) Noter au fur et à mesure sur une liste ce qui se vide, liste qui aidera à prendre le nombre de sacs et récipients nécessaires pour les courses.
2) Etablir un menu pour la semaine et noter les ingrédients nécessaires pour les recettes prévues. Cela permettra d’éviter le gaspillage, de n’acheter que les quantités dont on a besoin, d’éviter les achats compulsifs, de ne rien oublier et d’arrêter de stocker avec les risques de gaspiller.
Prendre le temps de faire un menu pour cuisiner soi-même évitera d’acheter des produits préparés ou transformés qui sont souvent (sur)emballés. En plus d’être bon pour l’environnement, cuisiner ses propres plats est bon pour vos papilles et pour la santé !
3) Optimiser les déplacements. Réfléchir à la séquence des déplacements, la nécessité de faire un déplacement uniquement pour acheter un seul produit et au meilleur moment pour se rendre chez son commerçant. Par exemple, je dois me rendre chez l’épicier, le poissonnier et le boulanger, je termine par le poissonnier, mon poisson me remerciera😉.
L’équipement essentiel pour les courses zéro déchet
Tout d’abord, la base est d’avoir un sac réutilisable solide, le mieux étant de privilégier ce que l’on a déjà à la maison. Pas encore de sac ? Alors choisir un cabas à fond dur et renforcé en tissu solide et durable plutôt qu’en plastique. Une excellente option est le panier en osier bien large et haut ou un trolley (il revient à la mode et ne casse pas le dos). Les fonds durs sont particulièrement pratiques pour le transport des bocaux qui restent bien droits.
Ensuite, se munir d’une série de sacs en tissu de tailles différentes pour les légumes en vrac ou pour le pain par exemple. On en trouve facilement dans le commerce mais avec quelques bases de couture, il est très facile d’en faire soi-même de toutes les tailles (les vieilles taies d’oreiller sont faciles à transformer en sacs à vrac).
Enfin, se munir de quelques bocaux, d’une ou plusieurs boites à œufs et de bouteilles en verre en fonction de la liste d’achats (huile, vinaigre).
La plupart de ce qui est cité ci-dessus se trouve à la maison ou dans l’entourage. Des trésors se trouvent parfois à la cave, au grenier ou dans le fond des placards des membres de la famille. Il suffit aussi de conserver les bocaux de toutes tailles des achats en conserve et surtout penser à réutiliser ce qui se trouve dans nos placards comme des boites Tupperware par exemple. Avec l’habitude, il devient de plus en plus facile de choisir la bonne taille de contenant en fonction de la liste d’achats. Devenir astucieux et créatif fait partie de la transition zéro déchet!
Favoriser les produits locaux et de saison
Le zéro déchet prône principalement le fait d’éviter les emballages jetables mais il est également important de penser à la provenance des aliments, leur processus de fabrication, par qui etc. Acheter un produit sans emballage qui a parcouru 5000 km n’est peut-être pas très cohérent.
Privilégier des produits locaux et de saison dans la mesure du possible n’est pas facile certes mais ça vaut la peine d’essayer d’y aller petit à petit, de se renseigner sur telle catégorie de produit puis sur une autre. La ferme à proximité propose peut-être de magnifiques paniers de légumes par exemple, on peut aussi se rendre sur le marché de la ville/village et chercher les producteurs locaux et pourquoi pas devenir un client fidèle. Au printemps, quand il commence à faire meilleur, l’envie d’acheter des fraises d’Espagne peut nous prendre…, résister et attendre les bonnes fraises de chez nous est une bien meilleure solution. Il n’est pas question de se priver mais de mieux consommer…
Les achats en vrac sont très faciles lorsqu’on se rend au marché, l’expérience « zéro déchet » y est facilitée seulement si on ne se laisse pas tenter par des fruits et légumes dont la provenance est lointaine. Prendre le temps de comparer et de se renseigner auprès du maraîcher peut nous en apprendre beaucoup et nous surprendre.
Faire ses courses dans des petits commerces locaux permet d’être moins tenté(e) par des produits qui ne sont pas de saison ou d’une provenance trop lointaine. Une autre idée est d’accrocher un calendrier avec les fruits et légumes de saison dans sa cuisine et de le garder près de soi au moment de faire la liste de repas.
Comment s’y prendre chez mes commerçants?
Dans les magasins en vrac, c’est assez simple, il y a des balances qui permettent de peser les ingrédients. Il suffit de prendre son bocal ou ses sacs à vrac, de les tarer (vous éviterez ainsi de payer le poids des sacs/ bocaux) et de coller l’étiquette sur le contenant. Ensuite, remplir les bocaux ou le sac, peser l’ensemble et coller l’étiquette.
Chez d’autres commerçants ou dans un supermarché classique, commencer par demander avec un large sourire si c’est possible de remplir nos propres contenants et rappeler éventuellement de tarer le récipient avant. La grande majorité des préposés à la découpe (boucherie, charcuterie, fromagerie, etc) collaborent avec plaisir mais certains refusent en se réfugiant derrière des règlements et des instructions non fondés (ceci sera détaillé ci-dessous).
Assez simple non ?
Est-ce qu’il y a des produits qui n’existent pas en version zéro déchet?
Alors oui, tout n’existe pas sans emballage, les ingrédients en poudre comme le cacao, la poudre de caroube, la farine, ou les confitures et pâtes à tartiner sont compliqués à emballer dans nos récipients. Et aussi les pizzas toutes faites à 1 euro du supermarché par exemple mais j’ai tendance à me dire que ce n’est pas plus mal : faire des pizzas maison c’est super ! J’aime croire que manger ce qu’on veut en version zéro déchet c’est possible et meilleur pour la santé !
Si un produit n’est vraiment pas disponible en vrac ou s’il est nécessaire de parcourir beaucoup de kilomètres pour l’obtenir, cela mérite qu’on s’interroge et privilégie les emballages recyclables comme le carton par exemple. Bannir complètement le plastique à usage unique qui pollue particulièrement notre planète est la bonne attitude. Une solution est de trouver des recettes sur internet pour faire soi-même ce plat dont on rêve, c’est moins cher, amusant et plus sain 😊.
Réfléchissons un instant au sens du mot « vrac » et mettons-nous d’accord qu’il s’agit bien de la version zéro déchet du produit : c’est-à-dire aucun emballage jetable, on utilise ses propres emballages réutilisables ou les emballages consignés du magasin. Il ne s’agit donc pas de remplir dans un magasin à vrac des sacs à usage unique fournis par le magasin, fussent-ils même en papier!
En dehors des courses, si je veux aller chercher « une frite » zéro déchet, c’est possible?
En théorie oui ! La plupart des commerçants sont de plus en plus ouverts à l’idée de remplir nos contenants, il suffit de se lancer et d’oser demander, finalement c’est une bonne action pour tous et le seul risque de demander est d’obtenir un non, c’est-à-dire la même chose que si nous n’avions pas demandé.
Qu’en est-il en Belgique ? Il arrive encore que certains commerçants se cachent derrière la phrase toute faite « nous ne sommes pas autorisés à cause de l’AFSCA » ou toute sorte de réflexion contenant l’effrayant « AFSCA ». Et pourtant, il semble que ce soit de la désinformation ou de la mauvaise volonté :
« L’AFSCA est 100% « pour » le zéro déchet, tant que la pratique reste en adéquation avec la loi, et qu’elle n’entraîne pas de risque pour le consommateur. La législation alimentaire n’a jamais interdit que les consommateurs apportent eux- mêmes un emballage pour emporter les achats qu’ils effectuent dans un magasin. Ainsi, cela fait très longtemps que l’AFSCA répond « oui » aux questions des professionnels et des consommateurs qui l’interpellent à ce sujet en demandant si une telle pratique est permise. »*
Bien entendu, il y a des conditions, le bon sens en fait :
• Le contenant doit être propre.
• Il doit être approprié à l’emballage d’aliments (un sac en plastique reçu lors de l’achat de chaussures ne convient pas, le bidon en plastique ayant contenu du produit à lessiver non plus ...).
• Un emballage approprié porte le logo d’un verre et d’une fourchette.
• Un aliment acide ne peut pas être emporté dans un contenant en aluminium (risque de réaction chimique).
En France, une loi anti-gaspillage a même été votée le 10 février 2020 qui dit : « tout consommateur final peut demander à être servi dans un contenant apporté par ses soins, dans la mesure où ce dernier est visiblement propre et adapté à la nature du produit acheté. Un affichage en magasin informe le consommateur final sur les règles de nettoyage et d’aptitude des contenants réutilisables. Dans ce cas, le consommateur est responsable de l’hygiène et de l’aptitude du contenant. Le commerçant peut refuser le service si le contenant proposé est manifestement sale ou inadapté » (article L. 120-2 du code de la consommation).
Il n’y a donc aucune raison pour ne pas demander au commerçant!
Pour aller plus loin...
Lire nos autres blogs sur le zéro déchet : Une vie sobre et cohérente en adoptant un mode de vie "zéro déchet", le shampoing solide, un bon café zéro déchet dans une cafetière élégante, les culottes de règles, le vinaigre "ménager" : un produit d'entretien bon marché et inépuisable et plein d’autres encore !
Il existe aussi de nombreux livres sur le zéro déchet comme celui de Bea Johnson “100 astuces pour alléger sa vie” ou encore “les épluchures” et « notre aventure sans frigo » de Marie Cochard, etc. Cela permet d’avoir d’autres astuces pour continuer sa propre aventure vers l’élimination des poubelles.
Pour terminer...
Le zéro déchet n’est pas une attitude qui s’adopte du jour au lendemain. C’est pour ça que, sous forme d’articles de blogs, nous essayons de le décortiquer en plusieurs thèmes, pour y aller petit à petit. Allez-y progressivement selon vos motivations et vos envies. J’aime penser que chaque geste compte et qu’il vaut mieux des milliers de personnes qui essayent le « zéro déchet » de façon imparfaite, plutôt qu’une poignée de gens qui le font parfaitement. Chaque geste compte, chaque emballage évité compte et la satisfaction ressentie vous comblera.
Titi le Wapiti