Les huiles essentielles sont omniprésentes. Elles sont un ingrédient fréquent dans les produits de cosmétique, sont employées pour combattre certains petits maux, et permettent également de purifier l’air ambiant à l’intérieur des maisons à l'aide de diffuseurs. Néanmoins, les huiles essentielles sont aussi l’objet de discussions véhémentes. Certaines personnes ne tarissent pas d’éloges sur leurs vertus bienfaisantes, alors que d’autres les évitent systématiquement en raison de leur toxicité présumée. A l’origine, les huiles essentielles sont parfaitement naturelles. Pour cette raison, elles sont souvent présentées comme tout à fait inoffensives. Toutefois, les huiles essentielles sont des produits qui peuvent contenir une très haute concentration de certaines substances, et de ce fait elles doivent être soigneusement dosées et utilisées avec modération. Mais la question n’est pas aussi simple que ça. En dehors des variantes naturelles, il y a des huiles essentielles beaucoup moins transparentes qui circulent, telles que des huiles essentielles d’origine synthétique, ou des huiles essentielles naturelles qui ont été diluées avec des ingrédients indésirables voire même nocifs...
Alors, qu’en est-il en vérité ? Les huiles essentielles sont-elles saines ou nocives ? Il est souvent fort compliqué d’acheter des huiles essentielles en connaissance de cause, afin d’en faire une utilisation raisonnable et saine. C’est pour cette raison que nous vous proposons dans cette série de blogs d’aborder la question de façon structurée. Dans ce premier épisode, nous retournerons à l’essence, en exposant succinctement comment les huiles essentielles sont produites. Dans les prochains épisodes, nous poursuivrons cette exploration en résumant comment et pourquoi vous pouvez utiliser les huiles essentielles, et en expliquant comment vous pouvez, lors de vos achats, faire la part des choses en distinguant les huiles essentielles naturelles des variantes moins désirables.
Accrochez-vous bien, le trajet s’annonce mouvementé !
Essentielles ? Comment ça ?
Les huiles essentielles tirent leur nom de l’anglais “essence”, dans le sens de “extrait” - et donc pas “essentiel” dans le sens de capital ou indispensable, bien que certains vendeurs aimeraient vous faire croire le contraire. "Essence” au sens d’extrait donc, car les huiles essentielles peuvent, en fonction de la plante précise utilisée, être extraites de ses parties les plus odorantes (les racines, les graines, la fleur, l’écorce...). Ainsi, la plus grande part des huiles essentielles du santal et de l'iris est extraite des racines de la plante, alors que l’huile du clou de girofle s’obtient uniquement grâce à la fleur de la plante. Quoi qu’il en soit, dans la plupart des cas, l’extraction se fait à travers la distillation à vapeur. Dans certains cas d’autres méthodes d’extraction sont possibles, telle que la distillation à sec (au moyen d’un simple échauffement, et ce principalement pour certaines espèces de bois), ou tel que le pressage à froid (principalement pour les agrumes).
En ce qui concerne la distillation à vapeur, celle-ci se déroule comme suit : les parties nécessaires de la plante sont exposées à la vapeur et les composantes volatiles (ou éthérées, c.a.d. faciles à évaporer) de la plante se dissolvent avec la vapeur. Lorsque la vapeur est refroidie et est redevenue liquide avec les composantes volatiles, l’eau de vapeur peut facilement être séparée des extraits végétaux obtenus et ce grâce à leurs différences respectives en polarité. L’huile essentielle ne se dissout pas dans l’eau, comme on pourrait justement attendre d'une huile. Toutefois, pour les esprits rigoureux entre nous : contrairement aux huiles au sens propre du terme, les huiles essentielles ne contiennent pas de graisses comme elles sont uniquement composées des éléments vaporisables des plantes.
Les produits naturels qui sont commercialisés sous la dénomination “huiles essentielles” ou “éthérées” sont par définition non dilués, et par conséquent il est question d’un produit soi-disant ‘pur’ - en vérité leur composition exacte laisse parfois à désirer, mais c’est pour votre propre sécurité que nous y reviendrons dans un autre épisode. 😉 En raison de leur caractère non hydrosoluble les huiles essentielles non diluées ne peuvent pas être allongées avec de l’eau - car les deux ne se mélangent pas. En cas d’utilisation interne il est donc plutôt conseillé d’ingérer l’huile avec du miel, du sucre ou une tablette neutre, et en cas d’utilisation externe (sur le corps) l’huile essentielle peut être diluée dans une crème neutre ou dans une huile basique. Mais comme les consignes d’utilisation exactes peuvent fort varier en fonction de l’huile essentielle spécifique, nous y reviendrons plus longuement dans un autre épisode.
Et les hydrolats alors?
Un petit extra pour terminer : les composantes de la plante qui ont été vaporisées et qui sont hydrosolubles sont recueillies dans l’hydrolat, aussi appelé eau aromatique (un exemple commun concerne l’eau florale et l’eau de rose). Car quand, après le processus de distillation, la vapeur a refroidi et est redevenue liquide, il reste des molécules aromatiques qui ne peuvent pas (facilement) être séparées de l’eau, et celles-ci forment l’hydrolat. Les hydrolats sont donc en quelque sorte les sous-produits des huiles essentielles, mais comparés avec celles-ci les hydrolats sont nettement moins puissants en raison de leur composition différente. De ce fait, les hydrolats sont avant tout utilisés pour leur odeur et, dans une moindre mesure, aussi pour leurs propriétés légèrement antiseptiques et anti-inflammatoires. Ce n’est donc en tout cas pas à propos des hydrolats qu’il faudra vous inquiéter !
Et voilà, c’est tout pour l’instant. Dans le prochain épisode nous essayerons de vous guider en toute sécurité à travers la jungle inextricable du « pour » et du « contre » des huiles essentielles. Au plaisir !
Antonin