Les secrets de l’industrie du textile

Tout ce que vous devez savoir sur cette industrie et ses dérives

On le sait, la fast fashion a petit à petit envahi nos vies : nous achetons des vêtements pas chers que ce soit en magasin ou en ligne, que nous portons quelques fois et nous les renouvelons pour être en accord avec les dernières tendances. Nous voulons toujours plus et les chiffres le montrent, les consommateurs ont acheté plus de 60% de vêtements de plus qu’il y a 15 ans et on les jette deux fois plus vite. Pour vous donner une idée, en 2016, plus de 100 milliards de vêtements ont été vendus dans le monde. Cela représente environ 9,5 kg par habitant en une seule année. Tout cela n’est pas sans conséquence pour nous, pour ceux qui produisent ces vêtements et pour notre environnement. Cet article vous permettra de connaître tous les secrets de l’industrie du textile et de découvrir des astuces pour réduire votre consommation de vêtements si l’envie vous vient. 

Le cycle de vie d’un t-shirt  

Vous le savez, nous sommes de grands fans de l’ACV, l’analyse de cycle de vie. Utilisons cette approche pour comprendre comment fonctionne cette industrie et identifier ses conséquences. Prenons le cycle de vie simplifié d’un vêtement et regardons ensemble les différentes étapes et leurs conséquences : 

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Si vous voulez plus de détails sur les cycles de vie, n’hésitez pas à aller voir notre blog : “Déjà entendu parler de l’analyse de cycle de vie ou ACV ?”  

Production des matières premières  

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La matière première du t-shirt est le coton. Le cotonnier est la plante qui produit le coton. C'est une plante qui pousse sous un climat chaud et humide. Il existe beaucoup d’espèces mais seulement 4 d’entre elles ont été domestiquées par l’Homme. Elle peut mesurer jusqu’à 10 mètres de haut mais celles cultivées par l’Homme font environ 1,5m.  C'est une plante qu’on cultive depuis près de 5000 ans. A l’heure actuelle, c’est la fibre naturelle la plus produite au monde notamment grâce à l’Inde, la Chine et les Etats-Unis.  

Mais, à l’heure actuelle, produire du coton est nocif pour la planète car le cotonnier est assez sensible à diverses maladies et ravageurs, pour cela les agriculteurs pulvérisent en moyenne 20 traitements.de pesticides sur une année sur chaque parcelle. Ces pesticides sont des produits toxiques et agressifs qui ont été interdits en Europe (comme l’Ethion ou l’Imidaclopride). Selon l’OMS, La culture de coton prend au niveau mondial un quart des insecticides et 10% des herbicides (ce qui est énorme, non ?) alors que la culture de coton ne représente que 2 à 3% des terres cultivées. Ces pesticides ont beaucoup de conséquences négatives pour notre santé et pour la planète, comptez des risques de cancers, d’infertilité, malformations fœtales, etc. Ces pesticides ont surtout une conséquence pour les personnes qui cultivent le coton et qui n’ont pas d’autre choix que d’utiliser ces pesticides sans protection (masque, gants, etc) par faute de moyen. Pour l’environnement, cela a aussi des conséquences sur les animaux : les oiseaux mangent des insectes contaminés qui peuvent les tuer. Les pesticides polluent aussi l’air et l’eau… 

Il existe des alternatives comme le coton biologique mais à l’heure actuelle, il ne représente que 1% de la quantité totale de coton produite. Tout n’est pas vert pour le coton biologique non plus... nous en parlerons dans un prochain blog.

Si nous avions pris l’exemple d’un t-shirt en polyester (qui n’est pas une matière naturelle, elle provient du pétrole), son empreinte écologique à la production aurait été 2,5 fois plus importante que celle du coton (qui est déjà très importante). 

Transformation des matières premières 

Pour produire un beau t-shirt, l’industrie du textile a besoin de produits chimiques comme le chrome, le cadmium, cuivre, plomb, etc… Ces produits sont utilisés pour assouplir le textile, le délaver, le teindre, etc. En Europe, il existe des législations quant au devenir de ces produits mais nous savons que nos vêtements ne sont pas produits en Europe. La législation dans les pays qui transforment la matière première est plus légère et en pratique ces produits se retrouvent dans la nature. La situation est souvent catastrophique, les eaux chargées de métaux lourds se déversent dans l’environnement en contaminant aussi bien les animaux, les plantes et les humains. Cette eau est utilisée et bue par les habitants et est utilisée pour irriguer les cultures locales : une catastrophe autant environnementale que sanitaire. 

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Selon l’OMS, un million de personne dans le monde sont intoxiquées à cause de la culture de coton et 22 000 en meurent chaque année. 

Ces produits ainsi que les pesticides se retrouvent également sur nos vêtements que nous portons et qui sont donc potentiellement nocifs pour notre santé. 

Transport- Distribution 

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En général, les vêtements sont produits hors Europe mais entre le lieu où le coton est cultivé, où le t-shirt est assemblé, où il est teint et où il est vendu, il y a du trajet ! On estime qu’en moyenne un vêtement parcourt 65 000 km entre le champ et le lieu de vente (cela correspond à une fois et demi le tour de la terre). Ceci n’est pas sans conséquence sur notre environnement et notamment sur nos émissions de gaz à effet de serre. 

Utilisation : usure, lavage 

Ce n’est pas fini, une fois que nous avons acheté notre t-shirt, nous allons le porter puis le laver, le sécher, le repasser. Cela a aussi un impact environnemental (cela peut aller jusqu’à 36% de la consommation d’énergie sur la totalité du cycle de vie du t-shirt) ! Evidemment, ne plus laver ou repasser nos vêtements n’est pas la solution mais vous verrez dans la suite de l’article quelques astuces pour réduire votre impact environnemental à ce niveau-là.  

Fin de vie 

Une fois que nous avons décidé que notre t-shirt n’a plus lieu de vivre chez nous, qu’en faisons-nous ? L’oublier dans une armoire, le jeter, le mettre dans la remise pour les bricolages ou travaux de jardin, ou bien mieux nous le donnons à des associations. Ces vêtements sont triés et une partie sera réutilisée pour être portée à nouveau et une autre partie sera recyclée pour produire d’autres choses. Cependant, le recyclage est loin d’être la norme car pour l’instant, 80% des vêtements finissent dans des décharges ou sont incinérés et je ne vous parle même pas du scandale absolu des vêtements neufs, invendus, mis en décharge par les marques pour éviter de devoir solder… Fast fashion, quand tu nous tiens…  

Qu’est-il possible de faire ? 

En tant que consommateur, on peut essayer de faire quelque chose. Tout d’abord, se demander avant d’acheter si j’ai vraiment besoin de « cette nouvelle pièce absolument fabuleuse mais qui finalement n’est qu’un t-shirt, peut-être assez proche de celui que je portais hier »? Si vous avez déjà un vêtement comme une robe noire, par exemple, demandez-vous, « est-ce que j’ai vraiment besoin d’une deuxième ? »   

Si vous avez décidé que oui, c’est un achat nécessaire alors essayez de vous tourner sur des écolabels ou du coton biologique (en général, on le voit sur l’étiquette).  

Si cela vous intéresse, dans un prochain blog, je peux vous parler des nouveaux types de textiles, plus respectueux de l’environnement, ainsi que des certifications pour les vêtements qui sont intéressantes à retenir... ou à rejeter. Vous aurez un avant-goût de ce blog avec le paragraphe suivant. 

Il existe aussi des marques alternatives qui utilisent d’autres matériaux que le coton. Le tencel par exemple est une matière à partir de bois qui est très prometteuse. En effet, dans les forêts, on n'utilise pas de pesticides et les forêts dont proviennent le tencel sont des forêts d’Europe gérées durablement (autrement dit, quand on coupe un arbre, on le remplace : cela est garanti avec le label FSC). On ne détruit pas la forêt amazonienne avec ce tencel ! Tout le procédé de production se fait de manière respectueuse de l’environnement : pas de pesticides, pas de rejets dans les eaux usées, etc. En effet, le processus qui transforme la fibre de bois utilise un solvant biologique non-toxique (l’oxyde d’anime). Une seule entreprise produit ces produits : Lenzing en Autriche. Cette entreprise a d’ailleurs reçu un « European Award for the Environment » pour les performances de son procédé sur l’environnement. Cependant, cela a un coût : on vend le tencel à 16 euros le kilo contre 7 euros le kilos pour le coton avec pesticides donc cela implique un prix plus élevé en magasin. Mais n’est-ce pas le vrai prix qu’on devrait payer pour tous nos vêtements ? Car soyons honnêtes, payer un t-shirt 5 ou 10 euros, n’est pas normal. 

Une fois que vous avez acheté votre t-shirt, le laver, le sécher et le repasser a aussi un impact sur l’environnement et il est aussi possible ici d’y faire quelque chose ! Vous pouvez attendre que la machine soit pleine pour l’enclencher, utiliser des produits respectueux de l’environnement pour laver vos vêtements, acheter des machines qui consomment moins, laver moins souvent certains vêtements qu’on peut porter plusieurs fois, laver à basse température, utiliser un sèche-linge plutôt qu’un séchoir électrique, etc. Chaque geste compte ! 

Essayez aussi de donner une nouvelle vie à vos vêtements : en les donnant ou en les revendant. Cela permettra d’allonger leur durée de vie. 

Il est vraiment important de faire attention à notre consommation car l’industrie de la mode produit 20% des eaux usées mondiales et 10% des émissions de carbone de l’humanité. 

Pour terminer... 

J’espère que cet article vous aura plu et que vous aurez appris des choses sur l’industrie du textile. Cet article n’a pas pour but de nous culpabiliser mais plutôt de nous informer des conséquences de nos choix de vêtements. J’espère quand même que cela vous rendra plus vigilant sur l’origine de vos vêtements et sur leur devenir.  

N’hésitez pas à lire nos autres blogs : Déjà entendu parler de l’analyse de cycle de vie ou ACV ? Comment faire mes courses zéro déchet ?  Les substituts de café avec ou sans gluten et bien d’autres pour apprendre pleins d’autres choses sur des modes de vie plus durables. 

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Titi le Wapiti  

Prenez soin de vous et de votre planète 

Références bibliographiques 

Greenpeace- destination zéro, URL:  https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2018/07/R%C3%A9sum%C3%A9-Detox-2018.pdf?_ga=2.92579997.1248404837.1531301779-1989101024.1530001735*, consulté le 4 avril 2021 

Tout compte fait, Mode : la face cachée des petits prix, URL:  https://www.france.tv/france-2/tout-compte-fait/, consulté le 4 avril 2021 

Le monde, pourquoi s’habiller pollue la planète? URL:  https://www.youtube.com/watch?v=3DdU7c66E9g, consulté le 4 avril 2021 

Petrone Ce qu’il faut savoir sur le Tencel, cette matière douce et écoresponsable, URL  https://petroneparis.fr/savoir-sur-le-tencel-matiere-douce-ecoresponsable/Atelier unes, Le Tencel pourrait révolutionner l’industrie textile , consulté le 4 avril 2021 

https://www.atelier-unes.com/blogs/nos-matieres/le-tencel-pourrait-revolutionner-l-industrie-textile 

Le journal Le mahieu, TOUT SAVOIR SUR LA POLLUTION DE L’INDUSTRIE TEXTILE, URL: 

https://www.lemahieu.com/blog/tout-savoir-sur-la-pollution-de-lindustrie-textile/, consulté le 4 avril 2021 

Planetoscope, production mondiale de coton, URL : 

https://www.planetoscope.com/agriculture-alimentation/1178-production-mondiale-de-coton.html, consulté le 4 avril 2021 

Organisation mondiale de la santé, Dix produits chimiques qui posent un problème majeur de santé publique, URL : https://www.who.int/ipcs/assessment/public_health/chemicals_phc/fr/, consulté le 4 avril 2021 

Encyclo-écolo, coton biologique, URL: https://www.encyclo-ecolo.com/Coton_biologique, consulté le 4 avril 2021 

Déjà entendu parler de l’analyse de cycle de vie ou ACV ?
Apprendre à estimer l’impact écologique de nos objets, de l’extraction des matières premières à leur fin de vie