Déjà entendu parler de l’analyse de cycle de vie ou ACV ?

Apprendre à estimer l’impact écologique de nos objets, de l’extraction des matières premières à leur fin de vie

Nous avons décidé de vous parler d’un sujet intéressant appris en cours.  L’idée d’en faire un blog pour vous informer nous est venue tout naturellement. 

Voyez nos posts comme des sujets que nous jugeons importants à partager dans le but de toujours aller plus loin vers le mieux consommer. Et comme toujours cela doit rester intéressant pour vous – mais pas confidentiel du tout! Nous espérons piquer votre curiosité, comme toujours …

Qu'est-ce qu'une ACV?

Commençons par le plus classique, la définition. "L'analyse de cycle de vie ou ACV, est une évaluation de l’impact environnemental d’un produit, d’un service ou d’un système en relation à une fonction particulière et ceci en considérant toutes les étapes de son cycle de vie. » On peut aussi appeler cela un écobilan, pour les plus cools d’entre vous. 

Bien sûr, ce n’est jamais aussi simple qu’une définition, il y a toujours un million de concepts qui se cachent derrière. Et c’est pour cela aussi que nous sommes là aujourd’hui, pour que vous deveniez des experts de l’analyse de cycle de vie de vos objets du quotidien et qu’on arrête de se faire avoir par le GreenWashing (Tiens, ça fera peut-être bien aussi le sujet d’un futur blog ...). 

Il est très difficile de faire une ACV de grande qualité, qui pourrait être certifiée de même qu'il est souvent difficile d’arriver à une évaluation absolue et quantifiée de A à Z exprimée en un seul résultat agrégé. On souhaiterait évidemment que ce résultat agrégé soit exprimé en "tonnes de CO2 émises", pour faire écho au problème crucial du réchauffement climatique. Nous vous donnons un premier exemple d'un produit dont la fabrication provoque des émissions de CO2 et de méthane (CH4), deux gaz à effet de serre. On ne peut pas additionner directement des tonnes de CO2 produites avec des émissions polluantes de méthane. Pour ce faire, il faut d'abord convertir les émissions de méthane en kg de CO2 équivalent émis en fonction de son impact environnemental. En réalité, un kg de CH4 correspond à 25 kg de CO2 émis dans l’air. Par contre il est tout simplement impossible d’additionner des tonnes de CO2 produites avec des tonnes d’émissions polluantes de métaux lourds. Cela illustre la difficulté de traduire une analyse ACV en un résultat simple pour une comparaison rapide entre différents produits à fonction identique.

Prenons un exemple simple : une vis. C’est quelque chose que nous utilisons souvent et qui se retrouve dans presque chacun des meubles que nous possédons. Et pourtant, on ne se douterait jamais du nombre de processus qui se cachent derrière un objet aussi petit et pratique. Il faut savoir que pour une ACV, on ne prend pas seulement la fabrication en compte mais également l’extraction des matières premières, les émissions émises par tous les processus et ce qu’on fait de l’objet à sa fin de vie. Voici une ébauche fortement résumée d’un cycle de vie d’une vis.


En bleu, vous trouvez les étapes importantes de la vie de notre petite vis. En brun ou beige sont indiqués les apports et contributions directes nécessaires à chaque étape ou à la transition entre ces étapes. Enfin, à droite et en rouge, d’une part les matières premières qui ont nécessité une extraction et d’autre part les émissions générées.

Comme le sujet est assez d’actualité dans notre société aujourd’hui, vous savez sans doute que toute émission a évidemment un ou plusieurs impacts en lien avec le réchauffement climatique, la santé humaine, l’acidification, la destruction de la couche d’ozone, la pollution des sols, etc. 

On peut donc utiliser ce canevas pour comparer différentes vis, ou des vis avec des clous ou de la colle: même fonction mais choix de produits différents. A l'inverse, il ne sert à rien de comparer une brosse à dent en bambou à une paire de chaussures en plastique recyclé 😄.

Quel est le but d'une ACV?

Une ACV peut servir à beaucoup de choses et beaucoup de personnes. Ça permet de mieux maitriser les risques et aussi les coûts liés au cycle de vie des produits et activités, d’identifier les maillons de la chaine depuis l’extraction des matières jusqu’à la fin de vie qui produisent le plus grand impact (environnemental ou non), afin de pouvoir agir sur ceux-ci en priorité. Cela permettrait aussi aux consommateurs de faire des choix entre différents produits selon une approche reconnue scientifiquement et bien sûr normée. Elle permet une innovation des fonctionnalités et une amélioration de la qualité des produits et activités, une anticipation des attentes du marché et d’encourager les modes de production et de consommation plus durables. Pour finir, cela peut servir de base de certification de produits et aussi à des fins de réglementations.

A terme, quand cette pratique sera généralisée, on peut espérer que cela aidera chacun à faire des choix de produits informés, pour mieux consommer en toute connaissance de cause. Il s'agit pour nous consommateurs d'en faire un outil de comparaison: pour nettoyer ma maison, dois-je prendre ce produit naturel et bon marché fabriqué près de chez moi et sans emballage (en vrac), ou plutôt ce produit de chimie de synthèse dans un emballage plastique et produit en Europe de l'Est? Exprimé comme ceci, le choix semble facile. Mais comment choisir entre une passoire en plastique composé pour 50% de fibres de bambou et pour 50% de plastique recyclé, virtuellement inusable et une passoire en inox, toutes deux produites en Chine? Une évaluation comparative sur base d'une ACV nous aidera dans ce choix.

Quelles sont les grandes étapes de l'analyse de cycle de vie?

Une ACV est composée de 4 étapes principales :

1. La définition des objectifs et du champs de l’étude

2. L’analyse de l’inventaire

3. L’évaluation de l’impact environnemental et sociétal

4. L’interprétation, qui en réalité se fait à chaque étape du processus d’analyse

Cela peut se faire sous différents angles en fonction des limites que vous voulez mettre à votre projet. Cependant, cela doit rester cohérent. Dans la pratique, on distingue 3 périmètres différents d’ACV :

- Cradle to gate :  en traduction littérale ça donne du berceau à la porte. En gros cela correspond au chemin de l’extraction de la matière première à la sortie d’usine. Elle ne tient donc pas compte de tout ce qui est distribution, consommation, utilisation et fin de vie du produit. Elle n’a donc pas vraiment d’intérêt pour le consommateur mais est importante pour le manufacturier. 

- Cradle to grave : c’est du berceau à la tombe. Ici par contre on prend en compte toutes les étapes mais l’objet finit à la décharge ou en incinération etc. On appelle ça également une « open loop ». 

- Cradle to cradle : c’est du berceau au berceau. Vous avez compris la tendance, ici il s’agit aussi d’une ACV qui prend toutes les étapes en compte jusqu'à la revalorisation des déchets et le recyclage de l’objet analysé. On appelle ceci une « closed loop ». 

Le minimum est d’avoir une analyse du cycle de vie « cradle to grave » et le mieux « cradle to cradle ». Cela permet d’éviter un déplacement des étapes polluantes dans des parties du cycle de vie qui ne seraient pas décrites et donc de considérer erronément que certains produits n’auraient pas d’impact alors que leur fin de vie (élimination après usage) est problématique pour l’environnement.

Qui peut faire une ACV?

N’importe qui peut tenter de faire une ACV car il existe des bases de données gratuites accessibles à tous où vous pourrez trouver beaucoup d’informations. Cependant, vous n’arriverez pas à tout quantifier et donc devrez faire beaucoup d’hypothèses au cours de votre ACV. Ceci la rendra moins exacte jusqu’à même parfois 50% d’erreur, mais vous aurez au moins un ordre d’idée. En tant que consommateur, nous attendons une garantie de la qualité de ce qui est fait pour éviter le Green Washing par exemple (une entreprise qui « oublierait » une étape très polluante du cycle de vie de son produit pour améliorer son image auprès des consommateurs). C’est le but des normes ISO 14040 et 14044 qui permettent de vous garantir rigueur et comparabilité des analyses de cycle de vie.

Il existe encore peu de moyens de certifier les ACV réalisées par les entrepreneurs sur leurs produits, pour gagner en crédibilité. Par exemple ; il existe des bureaux spécialisés qui réalisent des analyses de cycle de vie pour les entreprises en fonction de leur demande comme « RDC environment », une entreprise belge. Cependant, à part les normes ISO, il n’existe pas à ce jour d’organisation globale pour vérifier les ACV.

Quelles sont les règles principales à respecter?

Il y a 3 règles fondamentales à respecter quand on réalise une analyse de cycle de vie crédible, c'est-à-dire pour nous permettre de comparer correctement des choses comparables.

La première : comparabilité. 

Les limites du système étudié doivent recouvrir la même réalité fonctionnelle dans les différents scénarios, c’est-à-dire avoir la même fonction. Des ballerines et des chaussures de marche par exemple n’ont pas la même fonction. 

Une unité fonctionnelle est la performance quantifiée d’un système de produits ou d’un produit destiné à être utilisé comme unité de référence dans une analyse de cycle de vie. Cette définition sort de la norme ISO 14044. 

La seconde : pertinence. 

On peut trier les informations que l’on récolte pour éviter d’alourdir inutilement l’analyse, car on ne peut pas tout analyser. On retient l’ensemble des processus qui contribuent à plus de X% de la masse des intrants, X% de la quantité d’énergie et/ou à X% des émissions d’un polluant au niveau des processus unitaires, pour autant que la part totale des flux négligés n’excède pas 5%. 

La dernière règle : élimination des invariants.

Les étapes identiques dans différents scénarios que l’on souhaite comparer peuvent être exclues à condition que les flux de référence soient strictement égaux. Un flux de référence est une quantité de produit nécessaire pour remplir la fonction qui a été définie au moment de définir l’unité fonctionnelle. 

Quels sont les problèmes de l'ACV?

Lorsqu’on fait une AVC (ouh là, je veux dire « ACV », je suis peut-être en train d’en faire un, d’AVC !) et qu’on arrive à un score unique, il peut y avoir des problèmes de simplifications : partir de centaines voire de milliers de processus pour un objet et au final se dire que l’impact sur notre espérance de vie est qu’il la réduit de x jours peut poser des questions. En effet, pour arriver à ce « score » final, il a fallu faire des hypothèses, utiliser certaines sources de données et pas d’autres, tous ces choix peuvent être discutés et contredits. Cependant, si l’on utilise les mêmes méthodes, les mêmes hypothèses, les mêmes données pour comparer deux objets et voir celui qui a un plus grand impact sur l’environnement, je pense que l’analyse du cycle de vie est parfaite!

Pour terminer...

Nous espérons que cet article vous aura plu et que vous pourrez interpréter les résultats d’analyses du cycle de vie pour comparer des objets en ayant conscience des limites de cette analyse, et faire de meilleurs choix de consommation

N'hésitez pas à consulter notre ACV concrète des pailles en inox face aux pailles en plastique

Et surtout, KissPlanet vous prépare une revue à grande échelle des produits mis en vente sur son site. De cette manière, notre objectif de « vous permettre de mieux consommer en toute connaissance de cause » deviendra encore plus concret !

N’hésitez pas à aller voir nos autres blogs sur plein de thématiques : pisciculture du saumon, zéro déchet, lacto-fermentation, huiles essentielles, etc.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Titi le Wapiti

Loulou le kangourou

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La pisciculture durable du saumon norvégien
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